C’est l’histoire de trois frères, Bertrand, Thierry et Patrice Guérin, qui décident d’utiliser le biogaz produit par méthanisation dans leur ferme à Beaumontois en Périgord pour alimenter leurs tracteurs et véhicules légers. Avec eux, la boucle est bouclée !
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Un projet ultra novateur
« Il n’y a que trois projets de ce type en France, dont deux portés par les frères Guérin » explique Thomas Ferenc, référent régional ADEME. La première exploitation, celle de Bertrand Guérin, située à Beaumontois en Périgord exploite depuis 2011 une unité de méthanisation en cogénération, portée par leur filiale « Clottes Biogaz » pilotée par Patrice. « Cette unité a rapidement pris de l’ampleur grâce aux opportunités de gisement » précise Thomas Ferenc. L’exploitant ayant dépassé les seuils de puissance fixés par les tarifs d’achat, ils ont décidé de valoriser l’excédent de production directement à la ferme, en un carburant remplaçant le diesel. En 2022, Bertrand équipe donc la ferme d’une station de production de bioGNC (qui est la forme comprimée et la plus utilisée du bioGNV, carburant renouvelable), qui alimente désormais un tracteur agricole et cinq véhicules légers. « Cette année, nous avons amélioré l’installation pour l’amener à sa puissance nominale, explique Bertrand Guérin, ce qui permet désormais de nous ouvrir aux clients extérieurs. Les véhicules des collectivités, comme les bus scolaires ou les voitures de service, ou encore les tracteurs méthane, peuvent venir se ravitailler chez nous ! ». À bon entendeur.
Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?
En 2024, Bertrand, associé à l’exploitation de son frère Thierry Guérin et d’autres éleveurs dans les environs, ont mis en service une deuxième unité de méthanisation portée par la SAS « Borie Verte ». Celle-ci est équipée d’une station de production de carburant bioGNC en autoconsommation qui complète la production de la première station et pourra alimenter en carburant durable d’autres exploitants. Elle avitaille cinq véhicules, un camion qui fait 55 000 km par an pour assurer la logistique d’approvisionnement des déchets de l’unité de méthanisation, un tracteur ainsi que d’autres matériels agricoles fonctionnant au bioGNC, notamment pour l’épandage. D’ici un an, un second camion rejoindra la flotte. En tout, les usages des frères Guérin consomment 50 % des capacités de la station. L’installation servira aussi de vitrine pour inciter professionnels locaux et particuliers à se doter de véhicules et engins fonctionnant au bioGNC.
Le soutien de l’ADEME
« Nous avons soutenu les frères Guérin car le bioGNC est un carburant renouvelable qui permet de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre » explique Thomas Ferenc. « Cela améliore la qualité de l’air, mais aussi l’autonomie de la ferme. Quand les gisements des fermes servent à alimenter les déplacements des exploitants, c’est de l’économie circulaire. ». Cependant, le carburant bioGNC reste 20 % plus cher que le gaz à la pompe et il ne bénéficie pas de la bonification des tarifs d’achat. Le soutien financier de l’ADEME aux exploitants qui veulent se lancer est donc majeur ! L’appel à projets « bioGNC à la ferme » dont les frères Guérin ont été lauréats est reconduit cette année.