La société française spécialisée en puériculture a modernisé plusieurs de ses produits en optant pour des modèles à plus faible impact carbone. Elle entend poursuivre cette démarche, initiée avec le soutien de l’ADEME et soutenue par une dynamique interne adaptée.
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Cap sur une offre plus écoresponsable
Boite doseuse, égoutte-biberons, baignoire pour bébé… plusieurs références ont déjà été repensées dans une démarche d’éco-conception plus respectueuse de l’environnement. « Depuis deux ans, une dizaine de produits ont été redéfinis pour générer moins d’émissions de CO2 », indique Benoît Aubin, directeur des opérations. L’entreprise française, basée dans l’Ain (Rhône-Alpes), s’est fixée pour objectif de renouveler 30 % de sa gamme d’ici 2026.
Cette transition a débuté en 2015 lorsque Béaba remporte l’appel à projet Aurapeps de l’ADEME et lance une nouvelle version de son robot cuiseur emblématique, le Babycook® Néo. Fabriqué en France, avec un bol en verre et un panier en inox, et non plus en plastique, ce modèle consomme deux fois moins d’eau et d’énergie tant à la production qu’à l’usage, réduisant ainsi ses émissions de CO2 de près de moitié. Malgré un prix plus élevé, le succès est au rendez-vous : « Le Néo a quasiment remplacé le modèle précédent », souligne Benoît Aubin. « Les parents sont de plus en plus attentifs à la composition des produits pour bébés, en particulier ceux en contact avec les aliments. Ils recherchent des matériaux non polluants, sans microplastiques, et se préoccupent également de leur empreinte carbone. », précise Linnet Solway, ingénieure Économie circulaire à l’ADEME Auvergne Rhône-Alpes. Forte de ce succès, et avec une nouvelle aide de l’ADEME, Béaba monte d’un cran en 2021 avec la mise en place d’une démarche d’éco-conception appliquée à davantage de produits.
-28 % de plastique, -19 % de CO2 émis
Grâce à une aide de 66 000 € de l’ADEME, Béaba a pu faire appel à un bureau d’études spécialisé. Cette collaboration a conduit au développement d’un outil interne d’analyse : le Béaba Life Score (voir encadré). En 2023, les produits revus ont commencé à éclore. Les anciennes boites doseuses de lait en poudre, fabriquées en Chine, ont été remplacées par de nouvelles, plus légères (- 28 % de plastique), fabriquées en France, mono-matériau, plus faciles à recycler et émettant -19 % de CO2. Même principe pour la baignoire bébé, fabriquée en France et intégrant désormais 10 % de matière recyclée, ou pour les égoutte-biberons, fabriqués quant à eux en Espagne.
La marque entend poursuivre avec un nombre croissant de modèles éco-conçus chaque année. Les ventes sont dynamisées par ces innovations, et certains coûts de fabrication baissent (moins de matières utilisées, emballages simplifiés). Néanmoins, un réalisme économique s’impose. « Nous pouvons, selon les modèles, poursuivre la fabrication en Chine, tout en repensant le design, l’utilisation de matières recyclées, bien que nous soyons contraints par des normes pour le contact alimentaire en puériculture, limitant l’usage de matière recyclée pour certains produits », explique Benoît Aubin. « Dans une démarche d’éco-conception, il faut savoir faire des compromis. Il n’y aurait pas d’intérêt environnemental à proposer des produits trop chers pour les consommateurs, et qui ne seraient donc pas achetés », relève dans le même sens Linnet Solway, à l’ADEME.
Il faut aussi, pour Béaba, maintenir une dynamique interne, avec des équipes mobilisées et un collaborateur pilote sur l’éco-conception. Celui-ci a formé et sensibilisé les collaborateurs impliqués dans le développement des produits, et reste en support des équipes. Lors de chaque réunion de suivi des innovations, le Béaba Life Score est utilisé comme critère de décision, au côté des indicateurs traditionnels (arguments clés de vente, planning, marges…). « Sans cette organisation interne, la volonté d’aller vite, dans un contexte de marché difficile, pourrait nous détourner de l’objectif », reconnaît Benoît Aubin.
Résolu, Béaba s’emploie donc à maintenir le cap !
Le Béaba Life Score, un outil interne pour noter les produits
Pour chaque produit étudié, le Béaba Life Score calcule une note de durabilité, sur 100. La moitié des points sont issus de l’Analyse de cycle de vie (ACV), méthode évaluant les impacts environnementaux à chaque étape : matières premières, fabrication, distribution, utilisation, fin de vie. L’autre partie est basée sur trois critères sur lesquels Béaba a choisi de mettre l’accent : l’impact environnemental d’une part, mais aussi l’innocuité des matériaux, point de vigilance particulier pour la marque, et un sourcing responsable avec des critères stricts de sélection des fournisseurs. Les résultats sont utilisés par les différentes équipes, du marketing au développement, dès la phase de projet, pour décider de valider un produit, l’ajuster voire l’arrêter si la note est jugée insuffisante. Avec une règle d’or : le score de tout nouveau produit doit être meilleur que celui du produit remplacé.