Dossier

La rénovation énergétique à l’heure des low-tech avec PROFEEL

Témoignages, vulgarisation, fiches projets… avec le programme PROFEEL, les organisations professionnelles du bâtiment et l’ADEME facilitent l’adoption de démarches low-tech auprès des acteurs de la filière de la rénovation.


Lancé en 2019, PROFEEL, « Programme de la filière pour l’innovation en faveur des économies d’énergie dans le bâtiment et le logement », est né de la mobilisation de 16 organisations professionnelles du bâtiment, pour contribuer collectivement à la réussite du Plan de rénovation énergétique des bâtiments lancé un an auparavant par le gouvernement. Une action sur le low-tech dans la rénovation énergétique a abouti à la réalisation d’outils1, à destination d’un large public d’entreprises, artisans, maîtres d’œuvre… « L’une des actions clés de ce programme portait sur la valorisation et la vulgarisation des démarches low-tech en rénovation énergétique, indique Solène Marry, coordinatrice au service Bâtiment de l’ADEME. Ce n’est pas un mince challenge car l’approche low-tech est assez largement méconnue dans l’univers du bâtiment, et ceux qui en ont entendu parler n’en ont pas forcément une très bonne image car ils l’associent à un bricolage indigne de la technicité de leurs métiers. Alors qu’en fait rénover un bâti existant, c’est déjà une démarche low-tech ! »

Sensibiliser les acteurs

Ces travaux ont permis d’aboutir à une définition commune de ce qu’est le low-tech en rénovation énergétique : un ensemble de techniques et de savoir-faire simples qui prennent en compte le « déjà-là », mobilisent des ressources locales, accessibles et renouvelables en matériaux et énergie et font appel à des savoir-faire transmissibles pour une mise en œuvre, une maintenance et un usage peu coûteux et accessibles à tous. Par la suite, les partenaires ont imaginé des supports de communication : une BD, un film et une collection de huit podcasts donnant la parole à des architectes, des ingénieurs, des entrepreneurs et des propriétaires. Chaque épisode donne un coup de projecteur sur un aspect clé d’une démarche low-tech : définition des besoins, implication des utilisateurs, circuits courts, réemploi…

« Nous avons aussi réalisé huit fiches descriptives d’opérations exemplaires en logements individuels et collectifs qui permettent d’“incarner” les low-tech dans toutes leurs réalités, sans mettre de côté les difficultés inhérentes à toute approche systémique, poursuit Solène Marry. Parmi ces réalisations, je retiens notamment la rénovation de la maison des étudiants suédois de la Cité universitaire internationale de Paris, qui prouve que, dans ce type de démarche, un portage fort de la maîtrise d’ouvrage peut permettre de réduire considérablement le coût des travaux. J’ai aussi été marquée par les répercussions du projet de maison Rénopassive de ­Magny-les-Hameaux. Cette transformation intégrale d’un pavillon standard des années 1980 en maison bioclimatique, agréable à vivre et cinq fois moins énergivore a entraîné la modification du plan local d’urbanisme pour autoriser l’isolation thermique par l’extérieur en rénovation. Une preuve de plus que le low-tech, c’est du concret ! »

1 – Outils élaborés de manière concertée avec l’Ordre des Architectes (CNOA), les organisations professionnelles du bâtiment (CAPEB et FFB), les pouvoirs publics (ADEME et DHUP), sous le pilotage de l’Agence Qualité Construction (AQC) accompagné de l’Institut pour la Conception Ecoresponsable du Bâti (ICEB).