Parce qu’elles ont uniquement besoin d’être rattachées aux fonds marins via une ligne d’ancrage, les éoliennes flottantes peuvent être installées au large, là où la ressource en vent est la plus importante. Là où leur présence génère aussi moins de conflits d’usage. Les acteurs de l’éolien flottant et l’État, via les financements de l’ADEME, ont relevé les défis technologiques, organisationnels et financiers préalables à l’émergence des premières fermes commerciales à horizon 2030.
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Défi #1 : Démontrer qu’une éolienne peut flotter
L’ADEME croit en l’éolien flottant depuis le début. « Pour en démontrer la faisabilité technique et économique, à l’ADEME, nous avons financé les premiers démonstrateurs, en 2012, rappelle Régis Le Bars, directeur adjoint Entreprises et transitions industrielles à l’ADEME. Il s’agissait de relever un défi de taille : faire flotter un objet dont le centre de gravité se trouve en haut d’un mât, en dépit du vent et des vagues. » Aujourd’hui, les premières fermes pilotes, comptant trois éoliennes, sont en service, comme en témoigne celle de Provence Grand Large, au large de Fos-sur-Mer. Il reste néanmoins des freins à lever pour passer à l’échelle industrielle.
Défi #2 : Déployer des chantiers d’assemblage itinérants
Si on sait fabriquer et mettre à l’eau quelques éoliennes à l’unité, ce n’est pas la même chose d’en produire plusieurs dizaines en série. Et ce, en quelques mois et à un coût acceptable. Avec le projet Réduction des coûts de l’industrialisation des Flotteurs d’éoliennes (RECIF), financé dans le cadre de France 2030, l’entreprise Saipem est en passe de relever le défi, en partenariat avec l’Institut de Soudure, l’IRT Jules Vernes, Serimax, TotalEnergies et Vallourec. « Nous avons conçu nos flotteurs Star 1 en seulement trois blocs. Il n’y a donc que deux soudures à faire pour les assembler, explique Xavier Piel, chef de projet chez Saipem. Par ailleurs, nous prévoyons une chaîne d’assemblage temporaire, que nous avons baptisée “Smart Yard”. Au milieu des infrastructures portuaires, des engins multiroues déplaceront les pièces d’un poste de production à l’autre. Une fois le chantier terminé, ils seront démontés et redéployés ailleurs. »
Défi #3 : Transporter 525 000 volts dans un seul câble
Les énergies renouvelables étant installées là où il y a de la ressource, mais pas forcément beaucoup de demandes d’électricité, il faut parfois acheminer cette dernière sur plus de 1 000 km, jusqu’aux lieux de consommation. Leader mondial des câbles très haute tension (THT), Prysmian Group est de plus en plus sollicité pour ce type de lignes longue distance, qui requiert, pour limiter les pertes d’énergie, le transport du courant à une tension la plus élevée possible dans un seul câble. Il lui fallait donc augmenter la capacité de production de son usine de Gron, dans l’Yonne. « C’était l’objet du projet CAPAPLASER, soutenu dans le cadre de France 2030, explique Stéphane Ragot, responsable de projets chez Prysman Group. Nous en avons profité pour innover : l’isolant utilisé dans nos câbles P-Laser n’est plus en polyéthylène réticulé, mais en polypropylène recyclable. Ainsi, quand il se retrouve parmi les chutes de production, il peut être recyclé. »
Défi #4 : Convertir les ports
Pour construire, assembler et stocker les éoliennes flottantes avant leur mise à l’eau, les ports doivent accepter que, pendant deux ans, une partie de leurs quais soit mobilisée. Pour recenser les ports intéressés, l’ADEME a lancé un appel à manifestations d’intérêt (AMI) en 2022. Une quinzaine de ports ou consortiums de ports s’étaient alors portés volontaires pour étudier la faisabilité de cette idée. La moitié ont répondu au récent appel à projets pour la concrétiser, c’est-à-dire pour adapter leurs infrastructures à l’accueil de tels chantiers.
Défi #5 : Préparer le réseau
En prévision du raccordement massif d’énergies renouvelables, dont le profil de production est variable, l’ADEME et France 2030 soutiennent également des projets qui, comme PlaneTerr, piloté par RTE, visent à renforcer la flexibilité et la pilotabilité des réseaux électriques.