À la tête de l’association Ecoprod, Pervenche Beurier veut jouer les premiers rôles dans la transition écologique de l’industrie cinématographique et audiovisuelle.
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Ce n’est pas de la fiction : un an de production de cinéma pollue autant que 700 000 vols Paris-New York*. En France, les secteurs de l’audiovisuel et du septième art rejettent chaque année 1,7 million de tonnes de CO2 et génèrent une quantité énorme de déchets. Un comble, selon Pervenche Beurier. « Cette industrie véhicule des messages, façonne les représentations collectives. Elle a donc une responsabilité dans la prise de conscience écologique et doit être exemplaire dans ses méthodes de travail », martèle la déléguée générale d’Ecoprod. Cette association, issue d’un collectif fondé en 2009 avec le soutien de l’ADEME, regroupe aujourd’hui 200 adhérents – diffuseurs, producteurs, institutions, écoles, etc. – et vise à accompagner les acteurs du secteur à produire leurs œuvres de façon plus écoresponsable.
De la voile aux salles de cinéma
Petite, au Havre, Pervenche se passionne pour la voile. Plus tard, c’est le septième art qui l’attire. Étudiante en histoire, elle arpente les cinémas indépendants, publie même un livre consacré aux politiques européennes de soutien au cinéma. Diplômée de l’université de Tübingen (Allemagne) et de Sciences Po Paris, elle anime un réseau international de 800 salles, conçoit la programmation de festivals. Puis, direction Toronto pour œuvrer à la coopération audiovisuelle internationale au Consulat de France, avant de filer à New York pour une mission de diplomatie culturelle à l’ambassade française. Autrement dit, Pervenche Beurier, 42 ans, connait bien les coulisses de la production audiovisuelle. « J’aime fédérer des acteurs, qui sont parfois concurrents, afin qu’ils atteignent ensemble un objectif commun », détaille-t-elle. Le documentaire Home de Yann Arthus Bertrand, sur l’état de la Terre vu du ciel, confirme ce qu’elle pressentait déjà : il ne reste que peu de temps à l’humanité pour inverser la tendance et ralentir l’exploitation démesurée des richesses de la Terre.
Prise de conscience
Alors, en 2021, elle convainc les six membres du collectif Ecoprod de passer un cap en se constituant en une association, dont elle prend la direction. Un an plus tard, le projet est largement soutenu par la profession : « Les secteurs audiovisuels et cinématographiques se structurent vite et prennent conscience que notre transition environnementale est une nécessité. Mais nous avons perdu beaucoup de temps ». Pour inverser la tendance, Ecoprod lance cette année le premier label à destination des productions désirant valoriser leurs efforts de façon plus officielle. L’association propose aussi des formations et des outils. Le plus connu est le Carbon’Clap pour mesurer gratuitement l’impact carbone d’un film, d’un documentaire, d’un court-métrage, d’une publicité. Une pratique qui deviendra bientôt un automatisme, pour les acteurs du secteur : à partir de 2024, le Centre national du cinéma et de l’image animée ne financera plus les œuvres sans bilan carbone.
*Selon des études Ecoprod 2020.
