Décryptage : les mots de la transition écologique 

La crise climatique continue à s’aggraver. L’année 2023 a battu de nouveaux records et chacun expérimente les effets de ces bouleversements dans son quotidien. Après le temps nécessaire de la prise de conscience, voici celui de l’action, qui porte avec lui son lot d’objectifs, d’indicateurs, de plans, de méthodes… Zoom sur les mots qui définissent le nouveau cap de la transition écologique.


Planification

La planification, c’est définir ensemble un chemin pour réussir la transition écologique. C’est proposer à chacun – citoyens, collectivités, entreprises, associations – une trajectoire pour diminuer de 55 % nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, réduire la pression sur la biodiversité et préserver les ressources essentielles. Aujourd’hui, quelle forme prend-elle ?
Elle existe au niveau national (c’est le plan France Nation Verte), et cette année, elle se territorialise. Fin 2023, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a lancé les COP (Conferences of the Parties) régionales afin que chaque région définisse d’ici à l’été 2024 sa propre planification écologique : prendre en compte les spécificités de chaque territoire et les mettre en cohérence avec le cadre national commun France Nation Verte. Cette démarche, qui implique les acteurs du monde économique et de la société civile, s’articule en quatre étapes : un diagnostic du territoire, un débat, un partage à l’échelle infrarégionale pour décliner les objectifs et actions débattues, et enfin, une feuille de route fondée sur les engagements pris à l’horizon 2030. 
À terme, la territorialisation de la planification est une réponse visant à mettre en cohérence les différents exercices de planification des divers échelons territoriaux (de l’EPCI à la Région) avec le niveau national : c’est un maillon essentiel pour définir collectivement des objectifs à la hauteur des enjeux, cohérents, solidaires tout en se fondant sur des solutions efficaces et adaptées à chaque territoire.

Engin agricole dans un champ

Adaptation

Inondations, incendies, canicules… La fréquence des événements climatiques extrêmes augmente et nous mesurons chaque jour les effets du changement climatique. 
Tout faire pour réduire notre impact environnemental et limiter ses effets est indispensable. Parallèlement, construire une véritable politique d’adaptation est incontournable. Le gouvernement a lancé, dès 2011, le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), afin d’en anticiper et d’en limiter les impacts négatifs. En janvier 2024, la 3e édition de ce plan national est engagée. Il se fonde sur une grande consultation auprès des acteurs économiques et des citoyens et redéfinit les priorités si la France devait être soumise à un scénario à +4 °C. Le plan compte une cinquantaine de mesures organisées en 4 axes : protéger les Français ; adapter les territoires et assurer la continuité des infrastructures et des services essentiels ; assurer la résilience de l’économie ; et enfin, préserver les milieux naturels et culturels.

Sobriété

Dans un contexte où les ressources naturelles sont limitées, la sobriété consiste à nous questionner sur nos besoins et à les satisfaire en limitant leurs impacts sur l’environnement. Elle doit nous conduire à faire évoluer nos modes de production et de consommation, et plus globalement nos modes de vie, à l’échelle individuelle et collective. 
Alors que la sobriété est entrée dans notre vocabulaire et dans le débat public français pour répondre à un enjeu énergétique, les travaux de l’ADEME ont permis d’installer cette démarche beaucoup plus largement. Pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, notre effort national de sobriété doit en effet aller au-delà de l’énergie et s’inscrire dans la durée. Il ne s’agit pas seulement de généraliser des petits gestes pour passer l’hiver, mais bien d’engager des changements de politiques publiques, d’organisation, de modes de production et de consommation, et plus globalement de modes de vie. 

homme faisant du vélo en ville

Transition juste

Pourquoi parle-t-on de transition juste ? Parce que c’est une notion inscrite dans les textes et les dispositifs internationaux, qu’il s’agisse du préambule de l’Accord de Paris ou du mécanisme européen de transition juste. 
Il s’agit, d’une part, d’accompagner la transformation, la réduction, voire la cessation d’activités très polluantes. Certains territoires et secteurs sont actuellement très dépendants des énergies fossiles. Il faut donc leur venir en aide tout en développant les gains des activités vertes, notamment en matière d’emplois. D’autre part, parce que ces mutations ont des impacts sur l’ensemble de la société et diffèrent en fonction des groupes sociaux, des entreprises et des territoires. En particulier, les efforts auxquels nous devons tous consentir sur les plans alimentaire et énergétique notamment (rénovation des logements, mobilité et transports…) risquent d’être plus difficiles pour les populations les plus fragiles. 
Il est donc essentiel de penser les impacts économiques et sociaux de la transition écologique (TE) et d’agir pour favoriser l’appropriation des enjeux de la TE par le plus grand nombre. Les pouvoirs publics doivent adopter une approche encore plus inclusive et participative qui prenne en compte le point de vue, les savoirs et le vécu des différentes parties prenantes, avec une attention particulière pour les plus vulnérables… C’est la clé pour définir des politiques publiques plus efficaces et mieux ajustées aux réalités de toutes et tous. 

Plan serré sur une table où des gens travaillent et annotent des documents

Coopération

L’urgence climatique appelle la mobilisation massive et concertée de tous les acteurs de la transition écologique, et au-delà. Institutions publiques, collectivités, entreprises (de toutes tailles), organisations non gouvernementales, citoyens… tous doivent se mettre en mouvement et créer de nouvelles formes de concertation, de collaboration et de gouvernance. 
À titre d’exemple, certains projets d’énergies renouvelables, à gouvernance locale, montrent que la voie de la coopération avec les citoyens ou les collectivités locales est possible et efficace, et qu’elle permet, à l’échelle territoriale, la mise en place de solutions innovantes et bénéfiques. 
Dans le cadre de son travail prospectif « Transition(s) 2050 », l’ADEME propose quatre scénarios de transition écologique, dont le second repose sur la coopération territoriale. Il met ainsi la cohésion sociale au coeur de la transition. Ce scénario montre les résultats que l’on peut en attendre en matière de consommation (alimentation, agriculture, énergie…), de modes de vie et de bâtiments (densification, rénovation…), de transports et d’industries. Ainsi, la coopération est à la fois un facteur de performance, mais aussi de résilience des territoires.