Dossier

Entre collectivités et habitants, un dialogue plus constructif

Les collectivités ont l’avantage de la proximité pour faire entrer leurs citoyens dans de nouveaux récits et modèles de vivre ensemble. Le point avec Laurent Riera, directeur de la communication et de l’information de la ville de Rennes et de Rennes Métropole (35) et Cécile Flament, directrice de l’information et de la communication de la ville de Gennevilliers (92).


Communiquez-vous de la même manière qu’avant sur la transition écologique ?
Laurent Riera 

À Rennes, la ville agit depuis longtemps sur ses émissions de CO2, ses consommations d’eau et d’énergie… Mais pour aller plus loin dans la transition écologique du territoire, pour faire accepter des mesures qui impactent directement les citoyens ou pour les convaincre de modifier leurs habitudes, nous devons aller davantage à leur rencontre, répondre à leurs idées reçues. Nous avons par exemple organisé en 2021 et 2022 des réunions de quartier où nous avons invité nominativement les habitants à venir débattre des politiques publiques en matière d’urbanisme. Cela a été l’occasion d’expliquer en quoi la densité était une solution plus écologique pour concilier pression démographie, gestion sobre de la ressource foncière et développement des services. Par ailleurs, la quasi-totalité des campagnes de promotion du vélo sont menées en lien étroit avec les associations, ce qui a un vrai effet démultiplicateur.

Côté Métropole, les élus ont voté à l’unanimité un nouveau plan local de publicité. Pourquoi ?
L. R.

Pour être audible, la collectivité doit être exemplaire. Les écrans publicitaires numériques, énergivores, seront donc supprimés. Quant aux panneaux d’affichage papier, il y en aura moins, cette fois pour limiter l’exposition de la population aux incitations à consommer.

Vous avez lancé une campagne pour co-écrire, avec les habitants, un nouveau récit pour Gennevilliers. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Cécile Flament

Inviter la population à participer n’est pas nouveau à Gennevilliers. Mais, pour 2022, nous avons choisi un thème plus audacieux : « Inventons un nouvel art de vivre populaire ». Il s’agit de coconstruire la ville de demain avec tous nos usagers, y compris ceux qui ne participent jamais à ce type de démarche.

Comment avez-vous fait ?
C. F.

Nous sommes allés chercher chaque public là où il se trouve. Par exemple, sur le sujet de l’accès à l’emploi, des médiateurs sont allés à la rencontre des jeunes dans les missions locales pour recueillir leurs points de vue et idées. Pour évoquer le développement des ateliers pour enfants avec d’autres parents que ceux qui les connaissent déjà, nous nous sommes appuyés sur les accueils parentalité et centres sociaux.

Et vous tenez compte des avis exprimés ?
C. F.

Bien sûr. Nous posons des ambitions. Les débats nous apportent l’expérience des habitants pour les ajuster. Ainsi, dans le projet de végétalisation des cours d’école, qui a à la fois pour but de désimperméabiliser les sols, de lutter contre les îlots de chaleur et de rééquilibrer les usages filles-garçons, on nous a demandé un espace fermé réservé au foot. Cela semblait contraire au troisième objectif. Mais les enfants ont fini par convaincre les élus que c’était la bonne solution pour limiter la place du ballon.