Dossier

Reporting extra-financier : vingt ans d’évolution

Dans un contexte d’urgence climatique, les entreprises et leurs investisseurs doivent apprendre à rendre compte de leurs performances environnementales, sociétales et en matière
de gouvernance : les fameux critères extra-financiers.


Le concept de performance extra-financière a commencé à prendre corps avec la loi relative aux nouvelles régulations économiques de 2001 qui a obligé les sociétés cotées à reporter la prise en compte des conséquences sociales et environnementales de leurs activités », explique Kim Nguyen-Huu, analyste finance et climat à l’ADEME. Depuis 2017, les entreprises de plus de 500 salariés ou de plus de 100 millions de CA doivent décrire précisément les moyens engagés pour identifier, prévenir et atténuer les risques que le changement climatique fait peser sur leurs activités, mais aussi les risques que leurs activités font peser sur le climat. Cette approche est connue sous le nom de principe de la double matérialité et elle sous-tend désormais tous les efforts de standardisation européens. C’est le cas de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) qui entrera en application pour l’exercice 2024 avec un périmètre qui englobera les PME dès l’exercice 2026. Sans compter les PME, le nombre d’entreprises tenues au reporting passera de 11 600 à plus de 50 000. Avec cette nouvelle réglementation, les organisations devront également fournir un plan de résilience et de transition.

Obligation de transparence

« À noter, cette directive CSRD parle de “soutenabilité” plutôt que de performance extra-financière. C’est une façon pour le législateur de considérer la performance financière et la contribution à une économie durable comme liées et les mettre sur le même plan en termes d’exigence de reporting », ajoute Mathieu Garnero, directeur du projet Finance ClimAct. Et quid des acteurs financiers dans ce contexte ? Ils sont concernés à double titre, pour leurs activités propres mais aussi à travers les entreprises qu’ils financent. En 2020, pour accompagner la montée en compétences des acteurs financiers sur ces sujets, l’ADEME a ouvert une plateforme en ligne, baptisée Climate Transparency Hub, qui permet de centraliser les rapports extra-financiers afin de les analyser et de standardiser le reporting climat. Cette année, l’État a décidé de faire du Climate Transparency Hub une plateforme obligatoire du reporting des institutions financières. « Cette obligation de transparence est une première étape nécessaire pour inciter la finance à contribuer à l’effort de décarbonation de l’économie », remarque Kim Nguyen-Huu.

C’est quoi, la taxonomie ?

Entrée partiellement en vigueur en 2022, la taxonomie européenne désigne une classification des activités économiques ayant un impact favorable sur l’environnement. Son objectif est d’orienter les investissements vers les activités « vertes ». Six objectifs ont été retenus : atténuation du changement climatique, adaptation au changement climatique, utilisation durable des ressources aquatiques, transition vers une économie circulaire, contrôle de la pollution, protection de la biodiversité. Les activités sont classées comme durables si elles répondent à au moins l’un de ces objectifs sans porter préjudice aux autres.