Portrait

« Sans planète viable, il n’y a pas de football »

Et si l’écologie quittait le banc des remplaçants ? Sport le plus populaire au monde, le football figure aussi parmi les plus polluants. Depuis 2019, Antoine Miche veut convaincre les clubs et les passionnés de ballon rond de réduire leur impact environnemental.


Un match de football, c’est 22 joueurs sur le terrain, 90 minutes et des dizaines de milliers de supporteurs au stade. Mais c’est aussi 10 tonnes de déchets par rencontre de Ligue 1, 100 millions de m3 d’eau par an pour arroser les pelouses, des maillots fabriqués à l’autre bout du monde, des centaines de tonnes de CO2 pour transporter joueurs et fans. La prochaine coupe du monde, organisée en décembre au Qatar, dans des stades climatisés bâtis à la hâte au milieu du désert, ne devrait rien arranger… Un constat implacable qui a conduit Antoine Miche à créer Football Écologie France (FEF) en 2019. « Nous apportons des solutions concrètes pour que le football devienne écoresponsable. Si les clubs amateurs ont davantage conscience des enjeux environnementaux, les équipes professionnelles sont encore déconnectées de cette réalité. Or tous ont intérêt à intégrer cette problématique à leur stratégie de développement. Sans planète viable et société stable, il n’y a pas de football », analyse d’une voix calme le Lyonnais, président de l’association.

Levier de mobilisation populaire

La fibre écolo d’Antoine Miche ne naît pas dans un vestiaire, mais sur les bancs de l’école. Après avoir surmonté une grave maladie, il étudie en 2004 à la Toulouse Business School. Là, il monte coup sur coup un bureau du développement durable, un comité RSE et les Assises nationales étudiantes pour le développement durable. Deux ans plus tard, place à un autre déclic, cette fois-ci au Brésil. « J’ai été totalement bluffé par la ferveur des supporters auriverdes pour leur équipe qui disputait la coupe du monde de foot. J’ai compris que ce sport était un formidable levier de mobilisation populaire », se souvient le quadra. Aujourd’hui, Football Écologie France s’appuie sur 5 salariés, 30 antennes en France et 400 bénévoles, à la fois experts en écologie et passionnés de football. Ils aident les clubs, amateurs ou professionnels, et les collectivités à inclure l’écologie dans leur quotidien. Parmi les actions portées par Football Écologie France, il y a la « Fresque écologique du football ». Ce jeu collaboratif pour adultes ou enfants permet en seulement deux heures de comprendre les impacts, enjeux et solutions écologiques dans l’univers du football.

Militant d’un football plus vert

Antoine Miche a longtemps foulé, plus jeune, les terrains stabilisés de Stains (93), avant de préférer aujourd’hui une partie accrochée de badminton. Passionné d’intelligence collective et de transition écologique, l’entrepreneur s’est engagé dans un autre match. Il vient tout juste de créer sa start-up, myKamie, qui commercialise un stylo non jetable, composé d’un plastique 100 % recyclable. « J’ai toujours en moi cette envie de challenger des acteurs incontournables de notre société qui ne se préoccupent pas assez de l’environnement. »