Dossier

Après le diagnostic, la nécessaire coopération territoriale

L’ADEME accompagne depuis 2021 les régions dans un diagnostic de la durabilité et de la résilience de leurs systèmes alimentaires. Provence-Alpes-Côte d’Azur a été l’une des premières à s’engager.
Le point avec Émilie Le Fur, Ingénieure Alimentation durable et adaptation au changement climatique à l’ADEME PACA et Cyrille Naudy directeur général adjoint de la métropole d’Aix-Marseille.


Pourquoi ce diagnostic ?
Émilie Le Fur

Lors de la crise sanitaire, les collectivités ayant un projet alimentaire territorial (PAT) opérationnel se sont révélées plus résilientes face aux tensions d’approvisionnement et autres défis rencontrés par le système alimentaire. Approfondir cette question à l’échelle régionale nous semblait indispensable. C’est pourquoi nous avons répondu à l’appel. Pendant un an, un groupe composé notamment des membres de Co’Alim (communauté de travail régionale alimentation durable composée de l’ARS, l’ADEME, la DRAAF, la DREAL, la DREETS et la Région), de la Chambre régionale d’agriculture et du Réseau rural, a contribué au travail missionné par l’ADEME. Il s’agissait de diagnostiquer ce qui est produit, consommé, transformé, exporté ou importé sur le territoire, puis d’imaginer des scénarios pour réduire à la fois les impacts et les vulnérabilités de ce système.

Cyrille Naudy

La Métropole avait déjà son PAT, elle l’avait même étendu aux 121 communes du Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) du Pays d’Arles. Cela avait du sens de l’intégrer aux travaux de la Région.

N’avez-vous pas rencontré des freins au moment de passer à l’action ?
E.L.F.

La mise en œuvre des actions va commencer en 2023. Nous avons préféré travailler d’abord sur la manière de partager le diagnostic. Parce que nous n’avons pas tous le même héritage culturel, un chiffre considéré comme positif pour les uns peut en heurter d’autres. Pour éviter les blocages, il fallait donc prendre le temps d’écouter chaque réticence et d’obtenir un consentement sur la présentation des résultats. Nous invitons aujourd’hui tous les acteurs du territoire (élus, responsables de filières, producteurs, distributeurs…) à poursuivre les réflexions, à définir ensemble une trajectoire durable et à agir, en coopération et en complémentarité.

C.N.

Plus que des freins, ce sont des habitudes qu’il faut lever. Les cantines, par exemple, passaient commande auprès de plateformes logistiques. En les invitant à mutualiser leurs achats auprès d’un distributeur local, nous leur avons montré que cela ne coûtait pas plus cher d’opter pour des produits bio. De même, en créant des marchés où les agriculteurs vendent en direct le soir, nous avons offert aux habitants une alternative aussi pratique et économique que le supermarché pour faire leurs courses en rentrant du travail, mais en circuits courts.

Et maintenant ?
C.N.

Nos actions se poursuivent : formation des cuisiniers, aide à l’installation de nouveaux exploitants agricoles… Et 25 communes ont déjà signé notre charte d’adaptation du PAT en projet alimentaire communal.

E.L.F.

Même si la phase de concertation est en cours, nous commençons à soutenir ceux qui mettent en œuvre sans attendre des solutions sans regret. C’est le cas, par exemple, des filières agricoles qui souhaitent élaborer une stratégie d’adaptation au changement climatique, ou des entreprises qui se lancent dans l’écoconception de leurs produits alimentaires.