Dossier

« L’agriculture durable demande du temps… » 

Certes, passer à une agriculture biologique, ou même « bas intrants de synthèse », représente une charge de travail importante. Mais celle-ci peut être allégée par une formation adéquate et des outils d’assistance. Avec à la clé, une exploitation plus résiliente.


Adopter des pratiques durables, ce n’est pas qu’investir du temps et du matériel dans la lutte contre le changement climatique. « C’est aussi adapter son exploitation aux aléas (sécheresses, inondations, gelées…) et éviter que les sols ne s’épuisent à force de pratiques intensives répétées, rappelle Nicolas Tonnet, ingénieur Énergie et innovation dans les systèmes agricoles, à l’ADEME. Pour sensibiliser les agriculteurs qui n’en sont pas encore convaincus, nous nous appuyons sur des relais de terrain. » Les chambres d’agriculture ou les réseaux agricoles notamment. Dans le cadre du dispositif « Bon Diagnostic Carbone », lancé par l’État en 2021, les chambres d’agriculture proposent à toute ferme, neuve ou ancienne, un accompagnement dans la réalisation du bilan de ses émissions de gaz à effet de serre, puis dans l’élaboration d’un plan d’action. Ce pour seulement 250 euros, puisque 90 % du diagnostic est financé par l’ADEME. « Nous soutenons par ailleurs les réseaux agricoles qui poussent à aller au-delà des obligations réglementaires (TRAME, CIVAM, Atelier Paysan…), en subventionnant leurs formations à des méthodes plus vertueuses. » Des start-up de l’agroécologie sont aussi mises en avant. 

BIO ET TECHNOS

Car l’agriculture biologique n’empêche pas de profiter des progrès du XIXe siècle. C’est ce que montre l’entreprise Neofarm, qui développe des microfermes agroécologiques et technologiques. « En plus d’accompagner les collectivités et agriculteurs dans la conception et l’installation de nouvelles exploitations, nous formons les équipes maraîchères et les aidons dans la gestion quotidienne de l’activité, explique Alexia Rey, cofondatrice de NeoFarm. Nous mettons à leur disposition des technologies qui, sans remplacer leur travail, allègent leurs charges physiques et mentales. Nous avons ainsi créé une application de gestion maraîchère qui aide à planifier les activités en fonction des cultures conduites, ou encore un portique robotisé qui, suspendu à la structure de la serre, permet de manier sans forcer un certain nombre d’outils mécaniques (pour les semis et plantations, le désherbage, la récolte, etc.). » Résultat : des gains de temps et d’énergie. 

Chiffres

10 M€ C’est la dotation du dispositif « Bon Diagnostic Carbone » lancé par l’État dans le cadre de France Relance désormais intégré à France 2030.

250 € C’est le reste à charge pour l’agriculteur qui demande à en bénéficier auprès des 218 opérateurs agréés.

5 000 exploitations agricoles visées.