Dossier

Les friches : du foncier à haut potentiel

Encombrantes et souvent négligées, les friches constituent pourtant un trésor foncier que l’ADEME aide à mobiliser pour développer les territoires et préserver le foncier naturel et agricole.


Cent cinquante mille hectares seraient occupés par des friches industrielles sur le territoire français selon un rapport d’information de l’Assemblée nationale de janvier 2021. Ce tableau n’est pas figé. Certains espaces sont reconvertis quand d’autres se font jour. Engagée depuis plus de quinze ans sur le sujet de la reconversion des espaces, l’ADEME constate la faible prise en compte des friches et de leur risque de pollution (industrie métallurgique, fabrication de peinture, blanchisseries, stations–service…) dans les démarches de planification territoriale comme les schémas de cohérence territoriale (SCoT) et les plans locaux d’urbanisme intercommunaux (PLUi).

Des contraintes pour faire émerger les opportunités

Ces sites constituent pourtant un potentiel foncier précieux pour des territoires désormais contraints à une plus grande sobriété en la matière. «La loi Alur de 2014 facilitait déjà la reprise du foncier industriel, retrace Frédérique Cadière, cheffe adjointe du service Friches urbaines et sites pollués à l’ADEME. Des lois plus récentes ont renforcé l’arsenal législatif: la loi Biodiversité puis la loi Climat et Résilience, qui intègre l’objectif de zéro artificialisation nette [ZAN] proposé par la convention citoyenne.» Avec la mise en application de cet objectif, « les collectivités devront réduire de moitié leur consommation de foncier en 2030, précise Didier Margot, chargé de mission au sein du même service de l’ADEME. Et en 2050, toute consommation devra être compensée par la désartificialisation d’autres sols.»

Le foncier est devenu un enjeu majeur, et les friches un gisement stratégique, alors que l’on constate la dégradation de la biodiversité, l’érosion des terrains naturels et agricoles, l’impact délétère de l’éloignement entre lieux d’habitation et de travail et les problématiques de consommation d’énergie. «C’est le moment, les collectivités doivent agir maintenant, ajoute Frédérique Cadière. Et l’ADEME a les moyens de les aider et de les accompagner.»

Une richesse à exploiter dans les collectivités de taille moyenne

Les grandes métropoles régionales ont pour la plupart déjà engagé réflexions et démarches. «La métropole lilloise s’est saisie du sujet dès les années 1980, explique Didier Margot. Son plan d’urbanisme indique bien les terres consommées, la municipalité connaît ses possibilités de développement et de recyclage du foncier.»

Dans un premier temps, ce sont surtout les quelque 250 collectivités de taille moyenne, comptant moins de 100 000 habitants, qui gagneraient à exploiter le levier de développement territorial que représentent les friches. Desservies par des axes de communication et disposant d’infrastructures similaires à celles des métropoles, ces collectivités sont des territoires privilégiés pour la relocalisation d’industries. En fonction de leur histoire, de leur niveau de pollution et de leur emplacement, les friches peuvent satisfaire d’autres besoins que ceux des industriels : projet d’habitat ou d’espace vert, zone commerciale ou artisanale, zone de production d’énergie (biomasse, parc photovoltaïque). «Les collectivités ont tout à gagner à intégrer les friches dans leur réflexion sur la stratégie d’aménagement, au service de leur projet de territoire, appuie Frédérique Cadière. Cela passe au préalable par la réalisation d’un travail de recensement de ce gisement, puis d’observation.»

L’Ademe, partenaire des reconversion de friches à risque de pollution

L’ADEME aide les collectivités au travers de plusieurs actions. Elle élabore d’abord des outils à utiliser et à adapter localement. « C’est le cas de notre cahier des charges pour faciliter l’inventaire des friches, pointe Didier Margot. Cette démarche a par exemple été mise en œuvre par l’Établissement public foncier local de la Savoie. »

L’Agence propose également un soutien pour financer une partie des études de diagnostic territorial, indispensables pour inscrire les friches dans les stratégies des territoires. « Ce sont des études complexes qui associent l’expertise de sites et de sols pollués et font appel à des spécialistes en géomatique et des ingénieurs territoriaux », précise-t-il. L’ADEME alloue une aide pour financer jusqu’à 70 % du coût des études, le montant pris en compte pour ce calcul étant plafonné à 100 000 euros. Une fois le foncier à potentiel identifié, l’ADEME accompagne les porteurs de projet pour la réalisation des projets d’aménagement, par le financement d’une partie des études préalables ainsi que l’aide aux travaux.

150 000 hectares

C’est le potentiel foncier issu des activités industrielles et de services sur le territoire français des aires urbaines, soit 15 fois la ville de Paris.

800 m2

pour une blanchisserie, 5,2 hectares en moyenne pour une industrie sidérurgique et 287 hectares pour une mine. Des friches, il en existe de tous types et de toutes tailles !

 

De quoi parle-t-on ?

Une friche est un site qui, ayant perdu sa fonction initiale, est vacant ou majoritairement sous-utilisé. Un aménagement ou des travaux sont nécessaires pour lui donner une nouvelle vie. Il s’agit d’anciennes activités industrielles, minières, artisanales ou militaires, susceptibles d’avoir généré des contaminations du sol (par exemple une ancienne station-service ou une ancienne mine…). Une friche à risque de pollution présente une incertitude plus ou moins forte sur son potentiel de reconversion et de transformation ainsi qu’un risque financier, qui freine souvent sa reconversion.

Le bon outil pour se lancer

L’ADEME a conçu une plaquette qui détaille l’offre d’accompagnement et les différentes étapes pour reconquérir les friches sur les territoires : du diagnostic territorial jusqu’à la réalisation du projet avec un accompagnement financier adapté pour prendre en charge une partie des surcoûts liés à la dépollution.

Découvrir la plaquette