Dossier

Décarbonation : comment adapter les modèles d’affaires ?

Lancée en 2015 par l’ADEME en partenariat avec le Carbon Disclosure Project (CDP), l’initiative Assessing low-Carbon Transition (ACT) évalue la stratégie de décarbonation des entreprises. L’enjeu ? Les encourager à mettre en place un modèle d’affaires adapté à un monde bas carbone le plus rapidement possible.


Nous avons officiellement finalisé le développement des quinze méthodologies sectorielles prévues au début du projet ACT. Une seizième est en développement, dédiée au secteur financier », annonce Anatole Métais-Grollier, ingénieur au pôle Trajectoires bas carbone de l’ADEME. L’enjeu de ces méthodes : observer la dynamique de transition des entreprises en mesurant la cohérence entre les intentions affichées et leur traduction en actes. Cela à travers l’analyse de données climat, le calcul d’indicateurs et des questions portant sur les objectifs, les moyens mis en place et les actions engagées. À la clé, une note sur 20 complétée par un score global de A à E et un indicateur de tendance qui compare les entreprises d’un même secteur.
Presque 200 organisations françaises et internationales se sont livrées volontairement à cette évaluation et certaines – bien notées – ont décidé de la rendre publique. D’autres ont été évaluées et classées par la World Benchmark Alliance, qui pilote désormais l’initiative ACT. Ce sont notamment 150 producteurs d’électricité et acteurs des secteurs pétrolier et gazier du monde entier qui ont vu leurs performances climatiques passées au crible. « Le constat est que malgré les engagements de décarbonation, les plans de transition demeurent rarement à la hauteur des enjeux, explique Anatole Métais-Grollier. Les deux plus grands acteurs français figurent par exemple dans le “top ten” du classement, mais leurs notes sont tout juste au-dessus de la moyenne ! On remarque aussi que de trop nombreuses organisations obtiennent des notes insuffisantes faute de données accessibles. »

Outil d’information

Au-delà de l’incitation à (mieux) agir pour les entreprises concernées, ACT est aussi un outil d’information et d’aide à la décision, à commencer par les institutions financières confrontées pour leur part à la nécessité de décarboner leurs activités en prenant en compte les critères ESG dans leurs stratégies de portefeuille. « ACT apparaît comme un outil d’impact pour la transition de la finance, ajoute Anatole Métais-Grollier. En s’appuyant sur les évaluations, les investisseurs peuvent choisir de réallouer leurs capitaux, ou de s’engager auprès de leurs clients pour la transition de leur entreprise. Les banques peuvent aussi utiliser ACT pour structurer des produits indexés à une performance carbone comme les sustainability linked bonds. » Plusieurs d’entre elles ont d’ailleurs signalé leur intérêt pour cette approche et ont entrepris de se former auprès de l’ADEME. C’est le cas en particulier de la Banque de France, qui a formalisé, en mars, un partenariat avec l’Agence dans le cadre d’un projet visant à étudier la faisabilité d’un indicateur climat qui pourrait, à terme, enrichir son système de cotation.