Atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 implique de grands efforts dans le déploiement de l’ensemble des énergies renouvelables : électricité, chaleur, biocarburants. Un défi ambitieux qui nécessite d’accompagner les acteurs publics et privés et de favoriser l’implication des citoyens dans les projets.
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Bois énergie, hydraulique, éolien, biocarburants, pompes à chaleur, biogaz, solaire, géothermie… la part des énergies renouvelables (EnR) est en croissance régulière depuis de nombreuses années. Les EnR représentent aujourd’hui 19,1 % de la consommation d’énergie finale, contre 14,9 % en 2015. Une bonne nouvelle ? Pas tant que ça : « En 2009, dans le cadre de la première directive européenne sur les EnR, la France s’était donné l’objectif d’atteindre 23 % en 2020… Nous sommes le seul pays d’Europe à ne pas avoir respecté nos engagements », constate Bénédicte Genthon, directrice adjointe Bioéconomie et énergies renouvelables à l’ADEME. Et les échéances qui nous attendent placent la barre encore plus haut. La loi Énergie–Climat de 2019 prévoit ainsi que les EnR couvrent un tiers de nos consommations en 2030. Et pour 2050, l’impératif de neutralité carbone implique de pousser le curseur jusqu’à au moins 70 %.
Réduire les consommations et intensifier la production d’EnR
« Pour atteindre ces objectifs ambitieux nous devrons concilier deux impératifs, indique Jérôme Mousset, directeur Bio-économie et énergies renouvelables. Le premier est la réduction drastique de nos consommations d’énergie. La loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) de 2015 prévoit - 20 % et - 50 % en 2030 et 2050 par rapport à 2012. Cela passe par des actions de sobriété et d’efficacité énergétique dans nos modes de consommation. Le second est, bien sûr, la massification de la production de toutes les catégories d’EnR électriques, de chaleur renouvelable et de carburants alternatifs. Cette accélération est en outre indispensable pour réduire nos émissions de carbone et renforcer notre indépendance énergétique ; elle représente aussi un atout de taille pour notre économie et la création d’emplois locaux. »
Politique, économique, sociale… actionner tous les leviers de la confiance
Produire (beaucoup) plus… Oui, mais comment ? Pas de solution miracle, mais une conjugaison d’au moins quatre enjeux. D’abord, fixer un cap clair et pérenne des objectifs de la transition énergétique sur le long terme, pour permettre aux entreprises et aux collectivités de s’investir en confiance dans la transition. Cela passe par exemple par les exercices de prospective qui éclairent les débats comme les quatre scénarios Transition(s) 2050 élaborés par l’ADEME mais aussi par le développement de dispositifs d’aide pour la recherche et l’innovation dans les EnR via des appels à projets nationaux et régionaux, notamment. « Il faut aussi créer les conditions de rentabilité économique des installations d’EnR, poursuit Bénédicte Genthon. C’est tout l’enjeu d’un dispositif d’aide publique comme le Fonds Chaleur, qui vise à déclencher les investissements dans les projets de chaleur renouvelable tels que les réseaux de chaleur urbains par exemple. » Un autre axe clé porte sur l’appropriation de la transition énergétique par l’ensemble de la population. À des degrés divers, les EnR peuvent avoir différents impacts : visuels, sonores, sur la biodiversité ou encore les sols… Sur ce plan, la mission de l’ADEME est plurielle. Elle consiste en premier lieu à objectiver les débats mais aussi à identifier des solutions susceptibles de réduire les impacts ou encore à développer des dispositifs permettant l’implication des citoyens. C’est notamment l’objet de l’appel à projets Plans de paysage destiné à faire le lien entre paysage et transition énergétique via une démarche de coconstruction avec les différents acteurs du territoire, dont les habitants. « Pour favoriser cette appropriation, il est en effet indispensable d’associer les citoyens à la construction des projets EnR dans leurs territoires et d’impliquer encore davantage les collectivités dans la transition énergétique, ajoute Jérôme Mousset. Il faut pour ce faire les accompagner dans la conduite des projets et c’est pour cela que l’ADEME contribue activement au déploiement du réseau des Générateurs (voir p. 9). Il est aussi important de permettre aux décideurs locaux de définir leurs propres objectifs sur les EnR. À cet égard, la régionalisation de la programmation pluriannuelle de l’énergie est vraiment une bonne nouvelle. »
C’est la quantité d’approvisionnement énergétique assuré par les énergies renouvelables en 2050, selon les différents scénarios de l’étude Transition(s) 2050.
Un guide pour les démarches paysagères
Depuis 2018, l’ADEME s’est associée avec la chaire Paysage et énergie de l’École nationale supérieure de paysage (ENSP) pour placer la question du paysage au cœur des réflexions et des pratiques de la transition énergétique. Parmi les actions de la chaire figure notamment une collection de trois ouvrages destinés à favoriser une meilleure coopération entre les mondes du paysage et de l’énergie. Après une perspective historique et avant un « imagier », le deuxième opus de la série vient de paraître. Intitulé « Transition énergétique : vers des paysages désirables », il est conçu comme une revue détaillée de 16 projets emblématiques, alternant récits d’inspirations et éclairages pratiques. L’ouvrage propose également une dizaine d’enseignements pour les territoires, de la réflexion initiale à la démultiplication.