Dossier

Sobriété : un levier à saisir pour les acteurs publics

Face à l’urgence climatique, de plus en plus de territoires se mobilisent pour accélérer leur transition écologique avec des plans d’action volontaristes… Mais encore peu d’entre eux ont entrepris d’explorer la voie de la sobriété pour consommer moins, mais mieux.


Quand on leur parle de transition écologique la plupart des acteurs évoquent l’efficacité énergétique, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, les énergies renouvelables, l’économie circulaire ou encore la biodiversité… Mais plus rares sont ceux qui pensent spontanément à la sobriété. Peut-être parce que ce concept se prête à de nombreuses définitions possibles et qu’il demeure flou aux yeux de beaucoup. Alors de quoi parle-t-on réellement ? « Dans un contexte où les ressources naturelles sont limitées, la sobriété consiste à nous questionner sur nos besoins et à les satisfaire en limitant leurs impacts sur l’environnement, explique Pierre Galio, chef du service Consommation responsable à l’ADEME. Elle doit nous conduire à faire évoluer nos modes de production et de consommation, et plus globalement nos modes de vie, à l’échelle individuelle et collective. »

Changement de paradigme

Du point de vue des acteurs publics, cette approche peut s’adapter à de nombreuses thématiques : l’énergie, la mobilité, le foncier, le numérique, l’alimentation, la production agricole ou industrielle. Elle peut aussi être la colonne vertébrale d’une transformation profonde au service d’un nouveau modèle de société préservant la qualité de vie et le « vivre-ensemble ». « C’est un changement de paradigme de taille, à rebours de la culture traditionnelle de nombreux acteurs des territoires », poursuit Pierre Galio. Si le vocable peut effrayer, la sobriété représente pourtant un levier puissant pour la transition écologique des territoires – en intelligence étroite avec les technologies à développer, comme les énergies renouvelables. C’est également une réponse aux aspirations de nos concitoyens, qui sont désormais près de 8 sur 10 à vouloir vivre dans une société où la consommation prend moins de place. Et c’est enfin une voie de résilience face aux aléas et aux crises qui nous attendent à l’avenir, qu’ils soient sanitaires, économiques ou géopolitiques comme le choc énergétique que nous connaissons depuis le début de l’automne. Sur ce point, « il est important de rappeler qu’il est préférable de choisir collectivement un développement sobre et solidaire plutôt que de subir des contraintes inéluctables ».

La sobriété au cœur des projets de territoires

Mentionné en toutes lettres dans la loi Climat et Résilience adoptée à l’été, le concept de sobriété a d’ores et déjà convaincu plusieurs acteurs dans les territoires, avec des initiatives concrètes à la clé. Ces derniers mois, l’ADEME est allée à la rencontre de treize de ces collectivités pionnières pour dresser un panorama des actions de sobriété mises en œuvre dans l’Hexagone. « Nous avons découvert une grande variété dans les thématiques et dans les applications, qui vont de la nomination d’un chef de projet sobriété énergétique à Grenoble au développement d’une politique transversale de sobriété à Argentan [voir reportage p. 11] et Malaunay, en passant par une démarche de promotion de l’habitat participatif à Strasbourg ou les formats innovants d’implication citoyenne autour des pratiques de consommation proposés par Nantes Métropole », liste Pierre Galio. Reste maintenant à passer de l’expérimentation locale à une évaluation puis une potentielle généralisation des pratiques vertueuses. Et à leur planification dans l’optique de placer la sobriété au cœur des projets de territoire. « Ce sont des enjeux importants pour l’ADEME et ses partenaires », indique Pierre Galio. Des dispositifs d’accompagnement sont d’ores et déjà déployés, à l’instar de l’appel à manifestation d’intérêt sur la lutte contre l’artificialisation des sols (voir p. 9) ou du programme Territoire engagé pour la transition écologique (TETE), qui intègre un volet sobriété. « Parallèlement, nous voulons bien entendu observer et quantifier les conséquences économiques, sociales et environnementales de la sobriété, car il ne s’agit pas uniquement de consommer moins mais bien d’inventer des modèles qui permettent un développement viable et désirable en termes de création de valeur et d’emploi, comme de qualité de vie. »

En Normandie, la sobriété par l’exemple

La sobriété, c’est quoi concrètement ? Comment on s’organise ? Et qu’est-ce que ça apporte au final ? Consciente des nombreuses questions que se posent les collectivités face à cette thématique complexe, la direction régionale Normandie de l’ADEME enrichit progressivement une plateforme de retours d’expérience qui couvre tous les volets des politiques territoriales de sobriété : stratégie, alimentaire, éco-exemplarité, organisation interne, foncier, matière, numérique, actions habitants. Au menu de cet outil : des articles, des vidéos, des fiches de synthèse, ou  méthodologiques pour faciliter le passage à l’action.

Plus d’infos : Pour découvrir la plateforme : normandie.ademe.fr/retours-dexperience/politiques-territoriales-de-sobriete

 

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